L'antidouleur le plus vendu de France réduirait le sentiment d'empathie, conclut une étude qui n'est pas la première à se pencher sur les effets du paracétamol sur nos sentiments.
Doliprane, Efferalgan, Dafalgan... Sous différentes marques, le paracétamol est le médicament le plus vendu de France, avec plus de 500 millions de boîtes en 2014. Un usage généralisé qui concerne également d'autres pays, comme les États-Unis (23% des adultes prennent du paracétamol chaque semaine), et qui incitent les chercheurs à identifier des effets secondaires insoupçonnés, bien au-delà de son effet antidouleur.
Deux études publiés en 2013 et en 2015 ont ainsi mis en évidence que les individus ayant avalé des doses normales de paracétamol ressentaient moins de sentiments négatifs face aux photos les plus tristes, et moins de sentiments positifs devant celles les plus gaies. Comme si la molécule atténuait les sentiments en effaçant joies et peines extrêmes... Une hypothèse surprenante complétée par une nouvelle étude, publiée dans le journal Social Cognitive and Affective Neuroscience, qui associe la prise de paracétamol à une diminution de l'empathie.
Des douleurs plus supportables pour les autres
Dans cette étude parue récemment, des chercheurs de l'Université de l'Ohio (États-Unis) - ces mêmes auteurs qui étaient à l'origine de l'étude publié en 2015 -, ont demandé à 40 étudiants d'ingérer 1.000 mg de paracétamol. Une heure après, les volontaires ont lu huit petites histoires dans lesquelles l'un des personnages souffraient physiquement (une coupure profonde au couteau par exemple) ou moralement (comme le décès d'un proche). Ils devaient attribuer une note de 1 à 5 pour juger les réactions émotionnelles de chaque protagoniste. Même exercice pour 40 autres étudiants, qui avaient pris à la place du médicament un placebo. Verdict : les étudiants ayant ingéré du paracétamol étaient moins enclins à voir et reconnaître la douleur des personnages par rapport au groupe contrôle.
La sérotonine en cause ?
"Le paracétamol est un antidouleur, mais il pourrait aussi diminuer l’empathie que l’on ressent pour les autres alors mêmes qu’ils vivent les mêmes situations douloureuses", résume dans un communiqué Dominik Mischkowski, co-auteur de l’étude. "Cet effet semble inquiétant, a ajouté Baldwin Way, principal auteur. Cela voudrait dire que l'on se montrerait moins compréhensif face aux sentiments de son conjoint en cas de dispute après une prise de paracétamol, par exemple." Néanmoins, la conclusion de leurs travaux ne les surprend pas totalement : "en 2004, des électroencéphalogrammes avaient montré qu'en situation de douleur, les zones du cerveau qui s'activent sont les mêmes que celles qui sont sollicitées lorsque l'on imagine la douleur ressentie par quelqu'un d'autre", expliquent les chercheurs.
Source : http://www.sciencesetavenir.fr
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